PHOTOS TIREES D’UN CAGIBI

Je marche dans Paris. Je pars au hasard. Est-ce que je ressemblais au jeune homme que j’ai croisé l’autre jour, nous allions à la mer, en vélo, en partant de chez nous ?

Sur les bords du petit fleuve, qui mène à la Méditerranée douze kilomètres plus loin, parmi tous les promeneurs, passants, marcheurs, cyclistes, j’ai à peine aperçu un type, jeune et barbu. Il avait un regard qui cherchait. J’ai cru y reconnaître une attente, une quête, un par- cours de gouffres, ces abîmes qu’on s’obstine à explorer avec d’autant plus de fougue qu’ils semblent sans fond, comme si quelque lumière pouvait s’y cacher. J’ai peut-être été un jeune homme avec un regard comme celui-là quand je marchais dans Paris, avec mon appareil photo. C’est à cela que j’ai pensé.

C’est un jour d’il y a plus ou moins quarante ans…

Paul Coudsi (extrait de l’ouvrage)