ÉCLATS DE FEMME (SILENCE DU FÉMININ)

« Un jour, Ulysse, est-ce toi, est-ce moi, nos enfants lecteurs paresseux ? Qui s’est mis à confondre, qui s’est mis à aplanir ? Quelqu’un a cru que toi l’homme, toi qui incarnerais le masculin dans les récits, par bonté pour les lecteurs, que toi l’homme avais aspiré tout le masculin. Quelqu’un a cru que moi la femme, moi qui incarnerais le féminin dans les récits, par bonté pour les lecteurs, que moi la femme avais aspiré tout le féminin. Ce n’était pourtant pas si compliqué pour qui connaît la fabrique des histoires. Il fallait un personnage pour donner chair à l’idée.

On ne pense qu’avec les mots. Sans eux, aucune pensée. Mais qui aurait pu penser qu’ils allaient devenir si bêtes pour prendre au pied de la lettre les histoires ? Qui aurait pu penser qu’ils perdraient jusqu’au goût des mythes ? Que Dieu serait autre chose que ce qui ne se nomme pas, et tout ce qui existe ce qui se nomme. Pourquoi sont-ils devenus bêtes au point de séparer l’être qui n’existe pas et l’existence qui n’est pas ?

Pourquoi ont-ils oublié la musique ? »

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Chercheuse acharnée du côté du langage et de l'indicible mais si désirable rencontre, d'abord en enseignant la littérature du XVIIIème siècle et la poétique des textes à la Sorbonne Nouvelle, plus tard en exerçant la psychanalyse, Emmanuelle Malhappe a toujours écrit, que ce soit du théâtre ou des nouvelles, des essais, des chroniques pour la radio ou de la poésie. Sa poésie et ses nouvelles ont été traduites en plusieurs langues dans des revues. Son recueil poétique Entre est le pays est publié aux Éditions L'harmattan. Écorchée vive, sa poésie est une tentative pour extraire un peu de vie du magma du réel et jeter des ponts là où les précipices menacent de nous aspirer.