Layla Saïda – Je ne rentrerai pas chez moi

« Premier mai 2013. En sa vingt quatrième année d’une vie sur la planète terre, un jeune homme choisit de se déraciner, de s’en aller, de faire la route. Départ : Forcalquier ; arrivée ? Pas d’arrivée, peut-être, car ce qui commence, c’est une errance, non un voyage. »

On a attendu que les blindés de l’armée israélienne s’en aillent et avec Osama on est sortis. Un triste silence régnait sur tout le village. On a marché l’un près de l’autre avec la mort dans l’âme. Sans se le dire, on allait essayer de trouver Salomon chez lui. Un vieil homme était lui aussi sorti, il arrosait les plantes qui nimbaient le seuil de sa petite maison. Osama et lui se connaissaient bien. Ils se sont parlé un peu, échangeant seulement quelques phrases, chacune d’elle entrecoupée d’un long silence soulignant la mélancolie qui les brûlait. Le vieux ne parlait pas anglais. J’ai dû alors attendre que leur conversation finisse, qu’on reprenne le chemin, pour demander à mon ami et savoir enfin ce qui s’est passé. Deux jeunes, des frères, âgés de seize et dix-huit ans, se sont faits arrêter chez eux et étaient en train d’être menés dans une prison quelque part en Israël. Pourquoi ? Les services secrets ne retrouvant pas leurs parents, qui avaient fait partie du Hamas (l’organisation armée contre l’occupant israélien), ils s’en prenaient à leurs deux fils.