
MAS ROUGE + BOULÈGUE PAS LE BATEAU
Ventes groupée des 2 titres |
24 € TTC32 €
Auteur | Claude Seintignan |
MAS ROUGE
Ce fut un de ces matins-là, alors que nous nous affrontions à coups de poing, avec la dernière violence au milieu des grappes de glycines qu’il se rua sur la poche de sa veste. A ma grande stupéfaction il en tira un pistolet automatique qu’il me braqua sous le nez. Où s’était-il procuré cette arme ? Était-ce un cadeau de ses nouveaux amis, ou bien l’avait-il dérobée au cours d’une de ses virées nocturnes ? Je ne le savais pas et ne chercherai pas à le savoir. Je ne m’interrogeais que sur notre violence. Pourquoi cet éternel conflit, cette lutte jamais finie entre deux mondes qui se rejettent : blanc contre noir, obscurité contre lumière, astre du jour contre astre des nuits, pensée contre geste. Pourquoi ce vain combat, cet inutile divorce, puisque même fondamentalement différents nous sommes nés de la même alchimie, fondus dans le même creuset au cœur des étoiles et que nous sommes indispensables les uns aux autres ? Alors pourquoi cette inexpiable lutte à mort puisque la fin des uns entraînera la disparition des autres. Enfin, avec un égoïsme lucide, je devinais que sous l’effet du tabac, de l’alcool, des amphétamines et d’autres drogues qui m’étaient inconnues, Tancelin devenait incontrôlable et fou. Pas cette folie accompagnée qui s’étale sur le canapé du psychanalyste. Non, la folie du pauvre. Isolée. Irrémédiable. Celle qui tue...
BOULEGUE PAS LE BATEAU
C’était en plein mois de janvier. En Languedoc-Roussillon, le mois de Janvier n’est jamais bien méchant. Tout se passe comme entre gens de bonne compagnie. Pour la forme, durant deux ou trois jours en vrai mois de janvier qui se respecte, il fait ses gelées matinales et quelquefois même des giboulées de neige. Pour favoriser la fructification des abricotiers et montrer que c’est lui le Janus, le grand Frisquet d’hiver. Il rit bien sous cape à entendre les gens effrayés annoncer la fin du monde :
– Le froid en hiver, pensez, par ici, on n’a jamais vu ça ! Toutes leurs histoires ça finit par nous détraquer le temps…