Thème d’Octobre
« La Madeleine de Proust »
cahier n° 21
« Elle
envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites
Madeleines… Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et
la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une
cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine.
Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha
mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait
d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé,
sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes
de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté
illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une
essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle
était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où
avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée
au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne
devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ?
Où l’appréhender ? «
Marcel Proust « Du côté de chez Swann »
Nous
avons tous notre « Madeleine ». Elle peut revêtir un aspect, un goût,
une couleur, qui nous est propre mais, toujours, elle déclenche cette
vague de « plaisir délicieux » dont la charge émotionnelle nous envahit,
torrent roulant à la fois souvenirs, réminiscences, sensations fortes…
Que ce soit une bouchée de foie gras, une simple pâtisserie ou un rôti
d’une quelconque viande, la bonde est ouverte et le flot nous submerge,
impératif ou tendre, violent ou langoureux.. cela marche.
Moi, ma « Madeleine » c’est… et vous ?
Octobre,
le mois du renoncement. Renoncement à un été qui s’enfuit, abandon du
farniente au soleil et des nourritures fraiches. Mais c’est aussi le
retour des soirées douillettes, d’un coup d’œil de moins en discret du
côté des fourneaux. Ne cherchez plus la « Madeleine » s’y trouve !
Bonne recherche et bonne fête des papilles.
Fin du stage de cuisine, début novembre… le temps de déguster.
Thème de l’été (n° 20)
LA ROUTE DES VACANCES
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