LES ABSENTS MAGNIFIQUES + LES VIES MULTIPLES DE SAMUEL RIVIERE

LES ABSENTS MAGNIFIQUES

... Et puis, avant que la voiture qui est devenue un cercueil ambulant ne passe, de sa position actuelle, horizontale, à une oblique, puis une verticale, et donc plonge vers ce qui doit se trouver au moins une centaine de mètres plus bas, une voix, venant de la personne assise à côté de moi, me rappelle que, dans de nombreux rêves, je me suis retrouvé en train de voler, et que mon corps savait ce qu’il devait faire pour échapper à la pesanteur. Je sors donc de la voiture, je bats des bras, et…

LES VIES MULTIPLES DE SAMUEL RIVIERE

Presque toutes les nuits je rêve d’une femme. Toujours la même. Elle apparaît la plupart du temps dans un grand salon blanc, moderne : une baie vitrée occupe tout un mur, de l’autre côté une terrasse en pierre, recouverte de mousse, et, après, emplissant tout l’espace, l’océan, à l’infini. La femme est plutôt petite, toujours habillée de la même façon, une petite robe blanche, légère, des sandales en paille aux pieds, des lunettes rondes. Et des cheveux courts, teints en rouge. Le matin, à part ses beaux yeux bleus, je n’arrive jamais à retrouver son visage. À chaque fois que j’essaye arrive un empêchement, un voile qui descend sur mon esprit, l’obscurcit. Je suis pourtant sûr que si je la voyais, la croisais dans la rue, je la reconnaîtrais. Souvent elle me parle, il me semble qu’elle m’adresse des reproches mais, le matin, je ne me rappelle jamais de ce qu’elle m’a dit. En général la mer derrière la vitre est plate, scintille sous le soleil, comme une nappe bien repassée. Un bateau passe parfois au loin. Cette nuit cette femme aux cheveux rouges était tout un orchestre sur une piste de danse, et elle se foutait de ma gueule…